Une première journée de grève du Front commun syndical en Basse-Côte-Nord 

Écrit par le 8 novembre 2023

Le personnel enseignant et le personnel de soutien de l’École Gabriel-Dionne de Tête-à-la-Baleine ont exercé leur droit de grève le 6 novembre dans le cadre du Front commun du secteur public québécois qui revendique un rattrapage salarial et une bonification de leurs conditions de travail.

En septembre dernier, les membres du Syndicat de l’enseignement de la région du Fer (SERF-CSQ) dont le Centre de services scolaires du Littoral fait partie se sont dotées unanimement d’un mandat de grève générale illimité. Le personnel enseignant et de soutien de l’ensemble des écoles de la Basse-Côte-Nord s’est joint à leurs collègues des réseaux de l’éducation, de la santé et des services sociaux ainsi que de l’enseignement supérieur pour cette journée de grève qui s’est déployée à l’échelle du Québec.

Dans le village de Tête-à-la-Baleine, une demi-douzaine d’employées de l’école ont tenu un piquetage ambulant. Rencontrée sur place, la représentante syndicale des enseignantes de l’École Gabriel-Dionne, Britanie Rainville, décrit ainsi le déroulement de la matinée :

« Nous on a décidé de faire une marche dans le village, on est parties de l’école, devant les maisons de la commission scolaire, et on va faire les deux rues principales du village, on s’en va jusqu’au bout de la 138 et ensuite on va aller tourner jusqu’à la poste. » 

Britanie Rainville, représentante syndicale des enseignantes de l’École Gabriel-Dionne

Cette grève s’inscrit dans une série de moyens de pression envisagée par le Front commun du secteur public qui regroupe la Confédération des syndicats nationaux (CSN), la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), la Fédération des travailleurs et des travailleuses du Québec (FTQ) et l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS), dont les membres se trouvent en négociation de leur convention collective échue depuis le 31 mars 2023. Avec ses 420 000 travailleuses et travailleurs des services publics québécois, ce front commun est d’une ampleur inédite, nous apprend Monica Chiasson, la présidente du Syndicat de l’Enseignement de la Région du Fer qui dessert le territoire compris entre Port-Cartier et Blanc-Sablon ainsi que de Fermont à l’Île d’Anticosti jointe vendredi par téléphone.

« Ça fait cinquante ans qu’il n’y a pas eu un aussi gros front commun. On a décidé qu’en étant unis d’une seule voix — c’est d’ailleurs le thème du Front commun, « Nous, d’une seule voix » — ça allait être un petit peu plus facile de négocier avec le gouvernement ».

Monica Chiasson, présidente du Syndicat de l’Enseignement de la Région du Fer

Les revendications du regroupement syndical concernent entre autres le salaire, la retraite, les disparités régionales, les droits parentaux, les assurances collectives, mais aussi la liberté pour les employés de dénoncer des situations dans le réseau public « pour le bien commun, sans subir de mesures de représailles ».

La moyenne salariale des employées et employés du secteur public membres du Front commun est de 43 916 $ et le regroupement dénonce un retard salarial de 11,9%. Madame Chiasson soulignait aussi en entrevue que les femmes représentaient 78% des employées du Front commun.

Rappelons que dans le cadre du renouvellement de leurs conventions collectives, le gouvernement du Québec offre aux travailleuses et travailleurs de l’État une hausse salariale de 9% sur 5 ans. Cette offre a été bonifiée la semaine dernière de 1,3%, par la présidente du Conseil du trésor, Sonia Lebel, portant les augmentations salariales à 10,3%. Il s’agissait de la quatrième offre depuis le début des négociations. Le Front commun a jugé toutefois cette offre insuffisante, puisqu’elle ne pallie pas l’inflation.

Pour ces syndicats, le rattrapage salarial et la bonification de leurs conditions de travail sont aussi essentiels pour assurer la pérennité des services publics. Le Front commun avance qu’il existe un lien entre la pénurie de personnel vécue dans les réseaux publics et les conditions de travail des travailleuses et travailleurs de ces secteurs, qu’il décrie. Selon la présidente du SERF-CSQ, les impacts de cette pénurie de personnel se font ressentir au quotidien sur la Côte-Nord, que ce soit au niveau de la santé ou de l’éducation :

« Si on a des examens à passer, des tests, l’attente est plus longue avant d’avoir le service, ou encore, il faut se déplacer dans les grands centres pour pouvoir y accéder. Si on pense au Centre de services scolaire du Littoral, au Centre de services scolaire de la Moyenne-Côte-Nord, ou encore le Centre de services scolaire du Fer, on a des non légalement qualifiés qui viennent nous enseigner. »  

Monica Chiasson, présidente du Syndicat de l’Enseignement de la Région du Fer

Selon elle, une bonification des conditions de travail et du salaire pourrait permettre d’attirer dans la région du personnel enseignant qualifié, mais aussi favoriser leur rétention. Le Front commun syndical envisage une escalade des moyens de pression pour faire suite à cette première journée de grève, soit une grève de plusieurs jours et, en dernier recours, la grève générale illimitée, si les négociations n’avancent pas. « Mais on espère de tout cœur qu’on aura pas besoin de se rendre là », affirme la présidente du SERF-CSQ.

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