Ouverture de la pêche au crabe des neiges dans les zones 15 et 16

À 5 h du matin, le vendredi 5 avril dernier, les crabiers de la Côte-Nord ont eu l’autorisation de prendre la mer. Après les pêcheurs de l’estuaire, c’est ainsi au tour de ceux de la Côte-Nord d’entamer leur saison, dans les zones 15 et 16, qui s’étendent de la Pointe-des-Monts jusqu’à Unamen Shipu. La saison s’est toutefois ouverte dans un contexte d’incertitude pour les usines de transformation de la région, alors que les travailleurs mexicains dont elles dépendent années après année demeuraient bloqués hors du pays, en raison des délais de traitement de leurs visas.

Selon le Plan de pêche axé sur la conservation (PPAC) émis en mars par Pêches et Océans Canada, un total de 30 permis de pêche au crabe des neiges ont été délivrés pour la zone 15 cette saison, pour une allocation initiale de 418 tonnes de crustacés. Pour la zone 16, c’est 51 permis qui ont été octroyés, pour 3067 tonnes de captures. Les titulaires de permis de pêche au crabe des neiges des zones 15, 16, 16a et 12c ont désormais 14 semaines pour réaliser leurs activités de pêche. Les capitaines pêchant dans les zones 16a et 12c ont quant à eux la possibilité de commencer et de terminer une semaine plus tard leurs activités soit du 12 avril au 18 juillet.

À la veille de l’ouverture de ces zones de pêche, des usines de la Côte-Nord ignoraient encore comment elles transformeraient ces déchargements de crustacés qui leur parviendraient, faute d’avoir assuré leur main-d’œuvre.

L’annonce par le gouvernement canadien du retour d’un visa pour certaines catégories de ressortissants mexicains qui entrent au pays a en effet pris de cours les industriels de la pêche le 29 février dernier. Cette mesure affecte directement les travailleurs temporaires qui composent une grande partie de la main-d’œuvre des usines de transformation des produits marins de l’Est-du-Québec.

Par exemple, à l’usine Crustacés Baie-Trinité, seulement 12 des 75 travailleurs mexicains étaient arrivés le 4 avril, à la veille du début de la pêche dans les zones 15 et 16.   

Jeudi dernier, la députée de Manicouagan, Marilène Gill, avait une fois de plus pressé le ministre fédéral de l’Immigration et de la Citoyenneté, Marc Miller, ainsi que la ministre des Pêches et des Océans, Diane Lebouthillier d’agir pour accélérer la venue au pays de ces travailleurs et travailleuses essentiels à l’industrie.

Dans un communiqué de presse, la députée bloquiste affirmait qu’il est « complètement irresponsable de la part du gouvernement fédéral de laisser notre industrie de la pêche en plan parce qu’il n’a pas prévu adéquatement les délais de traitement pour les visas de ces travailleurs ».

L’élu y déplorait de même que les ministres Miller et Lebouthillier soient complètement déconnectés de la réalité régionale, puisque l’industrie de la pêche, affirme-t-elle, ce n’est rien de moins que la vitalité de nos villages, et les emplois de nos concitoyens […]

Les pêcheurs de crabe des zones 15 et 16 ont jusqu’au 11 juillet 2024 23h59 pour réaliser la capture de leurs quotas.

Mise à jour : depuis la mise en onde de cette nouvelle mardi matin, la ministre Diane Lebouthillier a partagé par communiqué une mise à jour concernant l’arrivée de travailleurs mexicains dans le secteur des pêches au Québec, affirmant que la majorité des travailleurs mexicains auraient finalement atterri au Québec et seraient dans les usines de transformation depuis lundi :

« […] je suis au courant des inquiétudes soulevées par le secteur des pêches, autant du côté de la capture que de la transformation, et c’est pourquoi mon bureau et moi-même travaillons d’arrache-pied avec tous les intervenants afin de trouver une voie de passage pour les travailleurs mexicains dans les meilleurs délais. Je me réjouis de constater qu’au terme de ces nombreuses semaines d’efforts à tous les niveaux, nous avons franchi une étape significative dans ce dossier. Effectivement, je peux vous confirmer qu’en date de lundi [8 avril], la majorité des travailleurs mexicains nécessaires ont posé pied au Québec et sont dans les usines de transformation en ce moment même, déjà au travail ou sur le point de débuter. Ces usines ont maintenant la masse critique nécessaire de travailleurs afin d’assurer le bon déroulement de la saison de pêche au crabe dans l’Est-du Québec. »

Diane Lebouthillier, ministre des Pêche et des Océans

La ministre des Pêches et des Océans concluait en disant savoir « qu’il reste du travail à faire », et que son bureau et elle-même continueraient d’assister les usines dans leurs demandes.

Crédit de la photo mise de l’avant : Samuel Bellefleur