Table de concertation sur le bilinguisme :  la diversité linguistique, une richesse pour la région qu’il faut valoriser

Écrit par le 27 mars 2024

Cet hiver, le Centre de services scolaire (CSS) du Littoral a invité ses partenaires communautaires à prendre part à un grand projet de réflexion concernant le bilinguisme chez les jeunes et dans les populations de la Basse-Côte-Nord et d’Anticosti. Si le point de départ de cette initiative avait d’abord été la volonté d’améliorer la maîtrise du français dans les communautés anglophones desservies par le Centre de services scolaires, l’équipe des services éducatifs a rapidement réalisé que le véritable enjeu était la valorisation et l’amélioration du bilinguisme dans la région, et que tant les communautés anglophones que francophones pouvaient en bénéficier.

Selon les plus récentes données de Statistique Canada, la MRC du Golfe-du-Saint-Laurent compte 2840 anglophones pour 505 francophones. Pour trois des cinq municipalités de la Basse-Côte-Nord, Saint Augustin, Gros Mécatina, et Bonne-Espérance, c’est plus de 97 % de leur population ont l’anglais pour première langue parlée. Blanc-Sablon compte pour sa part 78% d’anglophones au sein de sa population, tandis que la municipalité de la Côte-Nord-du-Golfe-du-Saint-Laurent compte la plus grande proportion de francophones, qui représente 31,4 % de sa population.

Le 20 février dernier, une première table de concertation virtuelle sur l’importance du bilinguisme sur le territoire a eu lieu. Vingt-deux personnes issues de différents organismes se sont mobilisées pour échanger sur ce thème. Un consensus émerge de cette rencontre quant à l’importance du bilinguisme pour les jeunes et les moins jeunes du territoire, et une fierté de communiquer dans les deux langues, affirme Marie Hamel, la directrice des services éducatifs au CSS du Littoral. Son équipe souhaitait par cette première rencontre sonder la population et les partenaires communautaires sur leurs préoccupations liées à la question du bilinguisme, mais aussi s’assurer de la légitimité de la démarche entreprise.

Si, à terme, la visée de cette initiative portée par le CSS du Littoral est d’améliorer la maîtrise des deux langues sur le territoire, ces échanges ont permis de conclure que la diversité linguistique est une richesse et un privilège pour tous les élèves et les citoyens de la région. En élargissant les horizons de l’éducation, de l’employabilité et du développement économique, l’atout que représente le bilinguisme dépasse le milieu éducatif : il est la clef pour le développement économique et démographique de la région.

Aussi, le Centre de Services scolaires souhaite-t-il développer des actions concertées qui auront un impact sur plusieurs facettes de nos communautés comme la scolarité, les perspectives d’emploi, l’utilisation des services publics et la fréquentation de commerces.

La directrice des services éducatifs du Centre de services scolaires explique que cette réflexion s’inscrit aussi dans une volonté d’accompagner les communautés de la Basse-Côte-Nord dans les changements qu’amènera la Loi 96, la Loi sur la langue officielle et commune du Québec, le français. Entrée en vigueur le 1ᵉʳ juin 2022, cette loi qui réforme la loi 101 vient renforcer la position de la langue française comme langue officielle du Québec et cela entraîne des impacts sur nombreux aspects de la vie quotidienne des communautés anglophones, notamment dans l’accès aux services en anglais.

« Le principal impact de la Loi 96, c’est au niveau des communications des instances gouvernementales qui mettent un accent vraiment plus pointu sur le français […] Est-ce que les gens vont avoir de la difficulté à se faire servir en anglais? […] On veut rendre toute population autonome, c’est le rôle du scolaire, donc on veut leur donner le maximum de chance de pouvoir bénéficier eux-mêmes des services dont ils ont besoin, pas avoir à transiger par une tierce personne pour son permis de conduire, ou pour la santé ».

Marie Hamel, directrice des services éducatifs au Centre de Services scolaires du Littoral

Si le défi est de taille ­– sept des dix écoles du CSS du Littoral sont anglophones et le français n’y est enseigné que comme langue seconde – Marie Hamel dit avoir bon espoir que les initiatives se multiplieront au sein des écoles et des communautés du territoire, pour améliorer tant l’apprentissage de l’anglais que du français.

En misant également sur les échanges entre les communautés anglophones et francophones, ce projet a un potentiel rassembleur. « Sur la Basse-Côte-Nord, on dit qu’on est tissés serrés, dit Marie Hamel, je pense que c’est une réalité et je pense que ce projet-là ne peut que renforcer les liens ».

Une prochaine réunion aura lieu en mai, afin de poursuivre la réflexion sur les mesures en place pour soutenir le bilinguisme sur le territoire ainsi que ce qui pourrait être fait collectivement pour le rehausser. Si vous souhaitez participer aux prochaines rencontres, vous pouvez communiquer avec le Centre de services scolaire du Littoral, par courriel au se@cssdulittoral.gouv.qc.ca ou par téléphone au (418) 461-2810, poste 2402.

(Ré)écoutez cette extrait de La voix du large pour en apprendre davantage:


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