Des initiatives toujours plus vertes à la municipalité de Saint-Augustin

Écrit par le 28 février 2024

Depuis 2018, la municipalité de Saint-Augustin en Basse-Côte-Nord multiplie les initiatives pour réduire à la source, recycler et valoriser ses matières résiduelles éliminées. Si l’isolement géographique et les coûts élevés d’expédition complexifient la gestion des matières résiduelles dans l’ensemble des communautés du littoral, l’administration municipale met les bouchées doubles dans ce virage environnemental.

Comme la plupart des municipalités de la Basse-Côte-Nord, Saint-Augustin a débuté par la collecte des matières dangereuses de bases (peintures, électroniques, piles, fluorescents, huiles, etc.) qui sont ensuite expédiées à Rimouski à bord du Bella-Desgagnés, ou par la poste, dans le cas des piles.

Puis, en 2018, la municipalité a reçu un financement du ministère de l’Environnement pour aménager un écocentre. En 2020, un magasin gratuit, le Freestore, a ouvert ses porte et est maintenant fréquenté tant par les gens de Saint-Augustin que par la communauté innue voisine, Pakua Shipi. Ce magasin gratuit permet le réemploi des vêtements ou des meubles, qui peuvent se voir offrir une seconde vie, de même que l’utilisation de restants de peinture.

Ces deux initiatives permettent un meilleur tri des déchets produits et leur retrait du dépotoir de Saint-Augustin. Avec un volume annuel d’enfouissement estimé à 4135 m3 de matière, ce site est censé fermer en 2025 si aucun agrandissement n’est effectué.

Le dépotoir municipal de Saint-Augustin situé à environ 5 km du village a un volume annuel d’enfouissement estimé à 4135 m3 de matière et est censé fermer en 2025 si aucun agrandissement n’est effectué. La municipalité tente de réduire la quantité de matière qui y est envoyée. (Photo : Raphaëlle Ainsley-Vincent)

Forte du succès de l’écocentre, la municipalité a décidé de pousser ses actions un peu plus loin et d’en faire un peu plus pour l’environnement, relatait Corain Driscoll. L’année dernière, la municipalité a approché Recyc-Québec afin de procéder au nettoyage des véhicules hors d’usage et à la décontamination des sols, un projet pour lequel elle a obtenu 960 000$ dans le cadre du Programme de soutien aux communautés isolées.

Corain Driscoll, la directrice générale de la municipalité de Saint-Augustin. (Photo: Raphaëlle Ainsley-Vincent)

Cette initiative de nettoyage est une première pour la Basse-Côte-Nord, affirmait avec fierté la directrice générale. Dans la région, en raison des coûts élevés d’expédition, les déchets de métaux encombrants comme les carcasses d’auto ou de motoneiges désuètes s’accumulent aux périphéries de tous les villages. En 2019, la MRC du Golfe-du-Saint-Laurent estimait avoir récupéré et entreposé 161 tonnes de véhicules hors d’usage sur son territoire. À Saint-Augustin, non seulement les véhicules et les électroménagers comme les frigos et les congélateurs ont tous été expédiés hors de la communauté, mais la municipalité a aussi fait l’acquisition d’une unité de décontamination mobile et a formé des personnes localement pour la manœuvrer. À l’avenir, elle aura les capacités de décontaminer elle-même ses sols.

Des objectifs provinciaux difficiles à atteindre

En 2020, le gouvernement du Québec s’est donné l’ambitieux objectif d’instaurer la gestion de la matière organique sur l’ensemble du territoire municipal d’ici 2025 et de de récupérer 70% des matières organiques d’ici 2030.

Dans son Plan de gestion des matières résiduelles 2024-2030, la MRC du Golfe-du-Saint-Laurent estimait qu’en 2019, que sur les 581 tonnes de matière organique résidentielle (incluant les résidus verts et alimentaires) générée en 2019, seulement 2% de celles-ci avaient été mis en valeur. S’il Il n’y a pas de service de collecte dans la MRC pour la matière organique, plusieurs initiatives ont toutefois été implantées dans les dernières années, par des acteurs locaux, afin de détourner ces matières des dépotoirs. Par exemple, la Municipalité de la Côte-Nord-du-Golfe-du-Saint-Laurent a distribué des composteurs à 80% des résidences du village de Chevery et l’école de Blanc-Sablon a mis en place le compostage domestique.

En dépit de ces initiatives, la MRC admet dans son Plan de gestion des matières résiduelles 2024-2030 qu’elle peinera à atteindre l’objectif gouvernemental. Cette cible a été toutefois été adaptée aux réalités de son territoire, soit de recycler 40% des matières organiques du secteur résidentiel, industriel, commercial et institutionnel d’ici 2030.

Vers l’implantation du recyclage et du compostage domestique à Saint-Augustin

La municipalité de Saint-Augustin souhaite elle aussi détourner davantage de matière recyclable et compostable de son dépotoir. C’est pourquoi elle s’est engagée dans l’ambitieux projet d’instaurer la collecte des matières recyclables à domicile et leur conditionnement dans un centre de tri, ainsi que le compostage des résidus organiques alimentaires, d’ici 2025.

Chaque ménage recevra ainsi un bac de recyclage et le service de collecte sera offert en bordure de rue par la municipalité, explique la directrice générale. La fréquence de la collecte des déchets diminuera aussi subséquemment. La municipalité fera finalement l’acquisition de composteuses thermiques, et, en trois jours l’été, cinq durant l’hiver, les résidus organiques ménagers seront transformés en compost, prêt à être utilisé au jardin deux semaines plus tard.

Écoutez cet extrait de La voix du large pour en apprendre davantage sur cette trajectoire verte et ambitieuse dans laquelle la municipalité de Saint-Augustin s’est engagée:


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