Levée de boucliers contre les projets pétroliers dans le golfe du Saint Laurent
Écrit par Michael H. Lambert le 1 février 2021
L’entreprise pourra explorer plus de 1500 km2 du golfe du Saint-Laurent. – Photo Ivonne Fuentes
Les préfets de la Basse-Côte-Nord et de la Minganie peinaient à contenir leur colère après avoir appris lundi que des intérêts albertains souhaitent évaluer le potentiel d’hydrocarbures du golfe du Saint-Laurent. Randy Jones et Luc Noël veulent tuer le projet dans l’œuf en empêchant les premières étapes d’exploration du potentiel pétrolier dans le secteur.
« J’ai été estomaqué de voir que pendant une pandémie, ils sont encore à essayer de trouver une façon de mettre toute la Côte-Nord en péril. On a assez de problèmes, on n’a pas besoin qu’une compagnie albertaine vienne et fasse du fracking », martèle le préfet de la MRC Golfe-du-Saint-Laurent et maire de Gros-Mécatina Randy Jones.
Tant ce dernier que son homologue de la MRC de la Minganie Luc Noël ont été pris de court par cette nouvelle publiée par le quotidien Le Devoir le 1er février.
« On s’attendait à ce qu’ils essaient ce type de projet dans le golfe du Saint-Laurent parce que ça se fait déjà au large de Terre-Neuve, avoue Luc Noël. Mais on s’est opposé à l’exploitation pétrolière sur l’île d’Anticosti et c’est sûr qu’on s’y oppose pour le golfe du Saint-Laurent. »
Randy Jones assure que la MRC Golfe-du-Saint-Laurent n’a jamais été avisée ni consultée concernant ce projet.
Exploration d’hydrocarbures
L’entreprise en question est enregistrée en tant que 9161-7795 Québec inc. et est présidée par un certain Duncan Russell, qui est également directeur de Sky Hunter Corporation, une organisation qui s’est spécialisée dans la recherche d’hydrocarbures par voie aérienne basée en Alberta.
L’entreprise détient huit permis d’exploration d’hydrocarbures dans le golfe du Saint-Laurent qui représentent plus de 1500 km². Une partie de ces secteurs, le Banc Beaugé, est déjà considérée comme une aire marine protégée puisqu’il s’agit d’une aire prisée par les éponges d’eau froide, selon les informations de Pêches et Océans Canada.
Pour l’instant, le potentiel pétrolier de ce secteur du golfe du Saint-Laurent est inconnu et les préfets de la région aimeraient que cela reste ainsi.
« Là où il y a de la boucane, normalement il y a du feu. On est mieux d’arrêter la boucane tout de suite et de dire non », tranche Randy Jones.
Un écosystème fragile
Pour les élus des deux principales MRC concernées et l’Association des pêcheurs de la Basse-Côte-Nord (LNSFA), l’écosystème du golfe du Saint-Laurent est si fragile que même les activités d’exploration risquent d’avoir un impact important.
« Même les relevés acoustiques perturbent les baleines. Nous comme pêcheurs, nous avons de nombreuses mesures à respecter pour protéger cette espèce, alors qu’on arrive avec un tel projet, ça ne passe pas », lance Paul Nadeau, directeur de l’Association des pêcheurs de la Basse-Côte-Nord.
Précisons que l’Association des pêcheurs de la Basse-Côte-Nord ne s’est pas encore positionnée officiellement puisque ces informations n’ont circulé qu’en fin de journée lundi.
Les territoires couverts par les permis d’exploration détenus par cette entreprise albertaine représentent des aires essentielles pour les stocks de poissons du golfe du Saint-Laurent selon Paul Nadeau.
« Ce sont des zones qui représentent jusqu’à 75% des ressources de homard et de crabe. Ce n’est pas que nous en Basse-Côte-Nord qui sommes concernés, mais aussi les pêcheurs de la Gaspésie et des îles de la Madeleine », poursuit le directeur de l’Association des pêcheurs.
Le préfet Randy Jones entend se préparer pour s’opposer au projet en interpellant les autres maires de la région et les associations de pêcheurs.
« C’est carrément contre ma religion. Je vais démissionner avant de dire oui à un projet comme ça. Il faut que les gens se lèvent pour s’y opposer et que le gouvernement mette ses culottes pour dire ‘’ assez, c’est assez ’’. »