Inciter le Québec à « manger son Saint-Laurent »

Écrit par le 16 juin 2021

Pour contrer la faible présence des produits de la mer locaux dans les épiceries québécoises et répondre à l’engouement envers l’alimentation de proximité, l’Institut de recherche en économie contemporaine (IREC) a publié un rapport mercredi qui invite l’industrie de la pêche à miser sur l’amélioration des mécanismes d’identification et de traçabilité des poissons et des fruits de mer afin d’accroitre leur visibilité chez les commerçants.

« Une telle démarche aurait pour effet d’informer davantage les consommateurs sur l’origine des produits marins, tout en répondant à l’intérêt grandissant des Québécois en faveur de l’achat local », peut-on lire dans le rapport rédigé par Laurence Marinier, qui s’intitule Identification et traçabilité pour une meilleure valorisation des produits du Saint-Laurent sur le marché québécois.

Le fruit des recherches de la chercheuse a été dévoilé par le collectif Manger notre Saint-Laurent à l’occasion du congrès Avenir maritime.

Valoriser la ressource

« On veut remettre à l’avant-plan l’idée que le Saint-Laurent ce n’est pas juste un bassin avec des affaires dedans qu’on exporte. Il y a des richesses naturelles, des savoir-faire et une relation qu’on peut développer à travers l’éducation, la santé et l’écologie », explique François L’Italien, chercheur à l’IREC et collaborateur à Manger notre Saint-Laurent.

Il ne manque pas d’écorcher le gouvernement dans sa critique de la mise en valeur des produits de la mer au Québec. « On pense que l’industrie et le gouvernement pourraient faire beaucoup mieux. C’est comme si on est sur le pilote automatique », laisse-t-il tomber.

Faciliter la traçabilité

« La traçabilité est le seul moyen de faire un choix éclairé quand on veut acheter quelque chose », soutient l’océanographe Guillaume Werstink, aussi cofondateur de Chasse-Marée, une entreprise de pêche durable.

L’idée derrière le collectif Manger notre Saint-Laurent est donc d’offrir plus de produits de la mer locaux à la population de la belle province, mais aussi créer un lien entre le consommateur et la ressource par un système d’identification et de traçabilité.

À l’heure actuelle, seulement 19% de ce qui est pêché au Québec se retrouvent dans l’assiette des Québécois. Le rapport de l’IREC propose donc des pistes d’action concrète pour arriver à faciliter la traçabilité des produits de la mer.

Exemples concrets

Le chercheur François L’Italien cite en exemple l’initiative Mon homard en Gaspésie, qui permet à la population de s’assurer de la provenance du homard qu’elle se procure. « Quand on entre le code-bar [associé au homard] sur internet, on a accès à un petit vidéo de la capture », explique M. L’Italien.

Il croit qu’avec de telles initiatives, beaucoup de travail peut être fait pour rapprocher les Québécois de la ressource qu’est le Saint-Laurent et ainsi augmenter la consommation locale de produits de la mer. « Avec Manger notre Saint-Laurent, on essaie de remettre [les pêches] dans la culture. Il y a peut-être une histoire autour du fleuve qu’il faut raconter et dans laquelle on est acteur », estime le chercheur à l’IREC.


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