Alimentation sur la Côte-Nord : du dynamisme malgré les défis
Écrit par Julien Forest le 21 juin 2021
Même si les défis à relever sont nombreux pour garantir la sécurité alimentaire des habitants nord-côtiers, un récent rapport de la Table Santé-Qualité de vie de la Côte-Nord est teinté d’optimisme quant au dynamisme des initiatives agricoles et appelle à une mobilisation pour cibler les pistes d’action qui peuvent faciliter une saine alimentation.
Pour les habitants de la deuxième région en superficie du Québec qu’est la Côte-Nord, s’alimenter facilement de produits frais et abordables peut se révéler un véritable casse-tête.
Un récent rapport financé par la Société du Plan Nord, intitulé Portrait du système alimentaire de la Côte-Nord, révèle que 37% des Nord-Côtiers vivent dans une zone de faible accès alimentaire, c’est-à-dire à plus de 1 km d’une épicerie en milieu urbain et à 16 km en milieu rural.
En plus de la distance physique qui la sépare des épiceries, la population doit payer en moyenne 15% de plus pour le même panier acheté dans la région de Québec. Dans certains secteurs, comme la MRC de Caniapiscau, cet écart atteint plus de 30%.
Ces prix élevés ne sont pas gage de fraicheur et de qualité ; au contraire, à cause de la manutention et du transbordement que nécessite la chaîne logistique dans les territoires éloignés, elle est rarement garantie.
De multiples défis
Problématique de zonage, pénurie de main-d’œuvre et manque de concertation régionale : le rapport, publié en collaboration avec une multitude d’organisations, comme le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation ainsi que le CISSS de la Côte-Nord, ne manque pas de lister l’étendue du travail à accomplir pour garantir la sécurité alimentaire nord-côtière.
À titre d’exemple, même si des entreprises agricoles sont présentes dans des territoires comme la Minganie et la Basse-Côte-Nord, ces secteurs ne disposent pas de zonage agricole. « Cette réalité complexifie l’accès à certaines mesures de soutien », peut-on lire dans le rapport.
Conséquence de l’absence d’un tel zonage, aucune des MRC du territoire ne dispose officiellement d’un plan de développement de la zone agricole. Ce document est habituellement réalisé en concertation avec les acteurs du milieu et présente les possibilités de développement agricole.
Pour Adèle Lavoie, coordonnatrice régionale pour la promotion de saines habitudes de vie pour Loisir et Sport Côte-Nord, « il est clair que les acteurs à la base du système alimentaire de la région doivent être directement impliqués dans la recherche des solutions qui seront les plus adaptées à leur réalité. »
Faire rayonner
Sur une note positive, la moitié des parts des ventes des producteurs agricoles locaux est réalisée dans la région et 75 % d’entre eux ont déclaré y avoir effectué une partie de leurs ventes. Le rapport indique que la majorité de ces producteurs sont en croissance.
L’industrie de la pêche règne quant à elle toujours en maître. Les débarquements totalisent une valeur de 75 M$, ce qui représente 20% des débarquements provinciaux, alors que la population nord-côtière ne compte que pour 1,2% de l’ensemble de la province. Plusieurs transformateurs de produits de la mer offrent la vente sur place.
De plus, 39 initiatives d’agriculture communautaire sont actives sur tous les territoires qui composent la grande région de la Côte-Nord. Le rapport conclut qu’« une telle approche pourra mener, progressivement, à une plus grande autonomie alimentaire de la région et à un système alimentaire plus durable. »
Photo : Zanda – Unsplash