Place aux jeunes Golfe-du-Saint-Laurent travaille à l’attraction des jeunes en Basse-Côte-Nord, une migration à la fois
Écrit par Raphaëlle Ainsley-Vincent le 6 décembre 2023
Depuis quatre ans, la MRC du Golfe-du-Saint-Laurent a rejoint le réseau national de Place aux jeunes en région. En collaboration avec les acteurs et les employeurs locaux, l’agente de Place aux jeunes basée à Chevery, Leah Monger, travaille à favoriser l’attraction, l’intégration et surtout la rétention des jeunes qualifiés de 18 à 35 ans en Basse-Côte-Nord.
En région, l’exode des jeunes est une préoccupation qui se couple à la pénurie de main-d’œuvre. En 2021, on dénombrait en Côte-Nord 21 552 jeunes en moins que ce que la région comptait en 1986. Il s’agit d’une décroissance de 52,8 % en trente-cinq ans. Sur cette même période, la population de la MRC du Golfe-du-Saint-Laurent a connu une baisse de 27 % de sa proportion de jeunes en âge de travailler dans la population.
Place aux jeunes en région travaille à inverser cette tendance. Depuis son entrée en poste il y a deux ans, Leah Monger a accueilli et accompagné l’installation de six personnes dans la MRC. Si ce nombre peut paraître modeste et que certaines personnes accompagnées ne demeurent finalement pas dans la région, l’agente dit qu’elle garde la tête haute, puisqu’elle est bien placée pour comprendre que chaque migration compte. Elle est elle-même la fille d’une enseignante qui s’est installée en Basse-Côte grâce à un programme d’attraction dans les années 1980 :
« Je sais que ça joue un rôle de bien accompagner ces gens-là qui démontrent un intérêt dans la région. […] Il y a des exemples tout le long de la Basse-Côte-Nord de monde qui ont migré ici de l’extérieur et qui ont décidé de rester et que leurs enfants ont décidé de rester. »
Leah Monger, agente pour Place aux jeunes Golfe-du-Saint-Laurent
L’accompagnement offert a lieu en amont et en aval. À travers l’organisation de séjours exploratoires, Place aux jeunes fait découvrir les avantages de la vie en région aux jeunes intéressés à y déménager. Pensés dans un esprit de « séduction », ces courts voyages défrayés par l’organisme permettent aux jeunes de rencontrer des employeurs locaux et se familiariser avec le milieu. Le travail de l’agente consiste ensuite à aider les jeunes à s’enraciner, en les accompagnant dans la recherche de logement, leur installation et leur intégration dans le village d’accueil.
« Notre responsabilité comme agent, c’est de les aider à s’enraciner dans les diverses communautés et d’augmenter leurs chances d’y rester. »
Leah Monger, agente pour Place aux jeunes Golfe-du-Saint-Laurent
Les succès migratoires dans la MRC du Golfe-du-Saint-Laurent proviennent souvent des domaines de l’éducation et de la santé, relate Leah Monger, puisque l’avantage offert par ces employeurs qui fournissent l’hébergement vient pallier l’obstacle que représente le manque de logement dans la région pour les jeunes qui souhaiterait s’y installer.
« C’est dur de convaincre quelqu’un de venir ici et de [ se] construire une maison dans sa première année de travail. […] Ça fait une grosse différence dans l’attraction d’avoir un espace où la personne peut se loger, sinon le défi est trop grand pour la plupart des personnes. »
Leah Monger
L’agente sensibilise aussi les jeunes qui souhaitent habiter la région à son isolement et aux réalités du territoire. Toutefois, les attraits de la vie en Basse-Côte-Nord sont grands.
« Si tu as un intérêt à bricoler, à construire ta propre réalité, il y a des opportunités pour le faire [en Basse-Côte-Nord]. Puis non seulement on a de belles vues, mais on a aussi de la bonne bouffe! On a l’accès à de la bouffe naturelle, biologique. C’est une place où tu peux explorer et construire […] ton propre chez vous. »
Leah Monger, agente pour Place aux jeunes Golfe-du-Saint-Laurent
Si ces jeunes contribuent au solde migratoire des régions, ils participent aussi à la vie économique des MRC d’accueil. Une étude évaluant la contribution économique des mouvements migratoires liés à Place aux jeunes, estime que les 97 migrations accompagnées de près ou de loin par l’organisme en Côte-Nord auraient généré des retombées économiques de 12,7 millions de dollars en 2021-2022.
Dans la MRC Le Golfe-du-Saint-Laurent, la contribution des participants de PAJR est non négligeable : elle a permis en 2021 d’accroître de 4,0% le bassin de travailleurs âgés de 25 à 34 ans.
