Une troisième saison s’achève à la Ferme du Rigolet de Tête-à-la-Baleine
Écrit par Raphaëlle Ainsley-Vincent le 27 octobre 2023
Le directeur et fondateur de la Ferme du Rigolet en Basse-Côte-Nord, Samuel Bellefleur, s’est entretenu avec CJTB la semaine dernière pour faire un retour sur une première saison de récolte qui se conclut fructueusement.
L’organisme à but non lucratif fondé en 2020 célébrait cet été sa troisième année d’existence. La ferme s’est concentrée les deux premiers étés sur l’aménagement du terrain et la recherche en agriculture nordique en collaboration avec le Centre d’expérimentation et de développement en forêt boréale (CEDFOB), avec notamment la plantation d’arbres fruitiers et de l’orpin rose. En ayant érigé une serre maraîchère à l’automne dernier sur le terrain de la paroisse, la jeune ferme a pu mettre en œuvre cet été le volet social qui a toujours été au cœur de sa mission, soit l’amélioration de l’offre en produits alimentaires frais pour la communauté. Dans un village isolé du réseau routier et où l’approvisionnement alimentaire se fait par voie maritime, une telle visée prend tout son sens.
Dans sa serre chauffée située au cœur du village, la Ferme du Rigolet a fait pousser pour la première fois cet été des poivrons, des tomates et des concombres, en dépit du climat nordique de la région. Chaque semaine, les récoltes étaient vendues à l’épicerie du village. Les tomates cerises ont été particulièrement appréciées par les gens, rapporte Samuel Bellefleur, qui s’estime content de cette saison. « Nous autres c’est sûr qu’on prend des notes, on regarde c’est quoi qui a fonctionné, c’est quoi qui fonctionnait moins, puis on va s’adapter. Éventuellement ça va peut-être correspondre un peu mieux à la demande au village », précise-t-il.
Lorsqu’on lui demande de décrire la saison qui s’achève, le directeur de la ferme choisit le mot « nouveauté ». « C’est moi qui ai démarré les semis, puis j’avais jamais fait ça avant », explique-t-il, « ça aurait très bien pu arriver qu’il y ait un incident et que les choses tombent à l’eau et que finalement on n’aille rien à planter dans la serre, mais ça s’est bien passé et comme certains ont pu le voir, ça pousse encore dans la serre ».
« Considérant qu’on n’avait jamais démarré la serre ni fait pousser de légumes sur le terrain, c’est quand même assez fructueux comme saison, littéralement. »
Samuel Bellefleur, directeur et fondateur de la Ferme du Rigolet
Cette première saison complète de récolte et de distribution pour la ferme maraîchère s’est déroulée sous le signe de l’incertitude et de l’audace. Samuel Bellefleur relate qu’ils ont défriché le terrain de la ferme aux abords de la rivière pour ouvrir de nouvelles parcelles de culture au printemps : « C’était déjà un peu incertain qu’on allait réussir même à planter des légumes au terrain », confie-t-il. « C’était vraiment plus un test cette année, d’habitude on ne plante pas non plus dans un champ qu’on vient de défricher, normalement on va prendre plusieurs années à mettre des engrais verts puis à préparer le sol, mais dans notre cas, on s’est dit pourquoi pas l’essayer, on avait les semences. »
L’été très pluvieux qu’a connu la Basse-Côte-Nord a aussi représenté un défi supplémentaire pour la Ferme du Rigolet, explique son directeur : « Ça n’a pas été évident au terrain, on venait aussi juste de défricher, le sol était comme une éponge. On a eu un peu de misère à drainer l’eau, ça a fait en sorte que certains légumes ont eu les racines dans l’eau. » Des travaux y sont prévus au printemps prochain, notamment l’installation de drains agricoles entre les parcelles de culture pour faciliter le drainage du sol.
Questionné sur l’année à venir, le directeur explique qu’étant un organisme à but non lucratif, la Ferme du Rigolet dépend beaucoup des subventions d’une année à l’autre pour assurer son fonctionnement. Il est toutefois confiant : « Ça regarde super bien en ce moment pour l’année prochaine. […] On y va une année à la fois, mais pour l’instant ça augure assez bien. »
D’ici là, quelques dernières récoltes automnales sont attendues à l’épicerie du village, des petites carottes, des tomates et poivrons qui parachèvent leur murissement dans la serre. Mais ça dépendra de la nature, nous rappelle Samuel Bellefleur.
Réécoutez l’entrevue accordée par Samuel Bellefleur à Émile Neault, lors de l’émission spéciale La Voix du Large au large, en direct de l’île Providence, le 18 octobre 2023.