Les phoques menacés par la diminution des glaces dans golfe du Saint-Laurent

Écrit par le 9 mars 2021

Photos gracieuseté Mitch Leon

Les phoques que l’on retrouve dans le golfe du Saint-Laurent n’ont jamais été si nombreux, mais l’espèce semble elle aussi touchée par la diminution des glaces et les changements climatiques déjà observables, selon Jean-François Gosselin, un biologiste associé à l’Institut Maurice-Lamontagne de Mont-Joli.

Durant la relâche, les Blanc-Sablonnais ont pu admirer les nombreux phoques qui se sont installés sur la glace des baies des villages de ce coin de la Basse-Côte-Nord. Si ces animaux semblaient en bonne posture de prime à bord, l’espèce pourrait souffrir des changements climatiques dans les prochaines années.

Jean-François Gosselin, biologiste à la section mammifères marins de l’Institut Maurice-Lamontagne observe que les phoques sont de moins en moins nombreux dans le sud du golfe et se concentrent de plus en plus à l’est du détroit de Belle Isle, soit au sud de Labrador et au Nord-Est de l’île de Terre-Neuve.

« Au dernier relevé en 2017, les conditions de glace n’étaient pas bonnes comme c’est encore le cas cette année. On a observé seulement 2% de la population de phoque dans le sud du golfe et 2% dans le Nord-Est du golfe. Le reste était dans la zone du « front », à l’est du détroit de Belle Isle. L’année 1994 en comparaison a été bonne pour les conditions de glace et on comptait jusqu’à 28% de la population qui a mis bas dans le sud du golfe du Saint-Laurent », illustre le biologiste.

Une concentration de population qui n’est pas sans conséquence pour les ressources disponibles là où le phoque peut s’abriter. D’ailleurs, si le phoque doit modifier ses habitudes en raison de la diminution des glaces, les scientifiques estiment que cette situation a un impact sur l’ensemble de l’écosystème du golfe. En d’autres termes, les proies des phoques subissent une pression double : leur écosystème est en mauvais état et leurs prédateurs se concentre davantage dans certains secteurs.

Déjà les scientifiques observent d’importantes variations dans la reproduction de l’espèce. « Nous avons vu dans les dernières années que la proportion de femelles gestantes varie beaucoup et on associe cela à un changement de capacité à rechercher la nourriture », précise Jean-François Gosselin.

Cette année, l’absence de glaces dans certaines zones du golfe du Saint-Laurent risque aussi d’ajouter une pression sur l’espèce.

«À la fin février et au début mars, il n’y avait pas de glace au site habituel de mise à bas à l’ouest des Îles-de-la-Madeleine. On a trouvé des jeunes sur la banquise dans la région à l’ouest de l’Île-du-Prince-Édouard. (…) Cette année, ils ont mis bas sur une glace un peu moins bonne et cela pourrait avoir un impact sur la moralité si la banquise est brisée pendant la période où les jeunes demeurent sur la glace », craint le biologiste Jean-François Gosselin.

Un relevé de la population des phoques dans le golfe du Saint-Laurent doit être effectué l’an prochain. Il s’agit d’une vaste étude réalisée en grande partie avec des milliers de photographies aériennes et dont les résultats ne seront pas connus avant deux ans.

Entre-temps, les biologistes peuvent mettre à jour leurs connaissances en étudiant des phoques tués par la pêche ou la chasse commerciale ou par des captures accidentelles.

Selon les statistiques les plus récentes (2019), on estime la population de phoque du Groenland à 7,6 millions d’individus pour la zone du nord-ouest de l’Atlantique, une zone qui comprend le golfe du Saint-Laurent.

S’ajoute à ce nombre quelques milliers d’animaux des trois autres espèces de phoques présentes dans nos eaux : le phoque commun, le phoque gris et le phoque capuchon.


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