Nouvelles oppositions au tracé du prolongement de la route 138 entre Tête-à-la-Baleine et La Tabatière
Écrit par Frédérique Lévesque le 30 janvier 2025
La pourvoirie Mécatina, une entreprise locale située dans la Municipalité de Gros Mécatina sur la Basse-Côte-Nord, la Fédération du Saumon Atlantique (FSA) et son partenaire québécois, la Fédération québécoise du Saumon Atlantique, se manifestent de nouveau contre le tracé retenu par le ministère des Transports et de la Mobilité Durable (MTMD) pour le prolongement de la route 138 entre Tête-à-la-Baleine et La Tabatière.
Le cabinet d’avocats Sodavex a été engagé par la pourvoirie Mécatina pour faire valoir un article dans la Loi sur la qualité de l’environnement, et demande au ministère de l’Environnement d’intervenir pour que le choix du tracé prévu soit modifié par le MTMD. La requête provient du fait que le projet du prolongement de la 138 a été analysé en 2013, et que la réalité du saumon atlantique a changé depuis.
Ce qui préoccupe la Fédération du Saumon Atlantique par rapport au tracé retenu par le MTMD est le passage de la route sur un pont, qui serait construit au-dessus de la rivière Gros Mécatina, une rivière à saumons enregistrée conformément au niveau du gouvernement fédéral. Charles Cusson, directeur des programmes de la FSA déployés au Québec, souhaite quand même préciser son appui à la route 138.
Depuis quelques années, les montaisons du saumon ont été difficiles au Québec, pour plusieurs raisons, comme celui du réchauffement climatique. Ainsi, certaines espèces reconnues pour être plus au Sud, comme le bar rayé, migrent de plus en plus vers le Nord, où les eaux sont plus fraîches. Cela crée des débalancements dans les écosystèmes, explique Charles Cusson.
À la mi-janvier, la FSA s’est jointe en appui au cabinet d’avocats Sodavex, engagé par la pourvoirie Mécatina, pour envoyer une lettre au ministre de l’Environnement, Benoît Charrette, et demander une révision du tracé retenu par le MTMD. Charles Cusson nous explique que l’implication récente de la FSA dans le dossier est une conséquence de la reprise des travaux, qui avaient été mis sur pause depuis quelques années.
La MRC du Golfe-du-Saint-Laurent s’exprimait dans son communiqué de presse à ce sujet et disait craindre que « […] les objections exprimées reflètent une vision urbano-centriste qui ultimement propose de mettre les territoires naturels des régions éloignées sous une cloche de verre au détriment des populations locales qui occupent ces régions. »
Concernant la possibilité d’évaluer le tracé alternatif proposé par la FSA et la pourvoirie Mécatina, Sarah Gaudreault, répond qu’aucun changement n’est envisagé au programme pour le moment. Plusieurs tracés alternatifs auraient déjà été étudiés, sans être retenus, pour des raisons de sécurité de la route et de capacité portante des sols.
La conseillère aux communications du ministère précise aussi que des études géotechniques et environnementales complémentaires à celles de 2013 ont été réalisées entre 2017 et 2019.

La séparation du prolongement total de la route en trois lots fait en sorte que le projet de prolongement ne se qualifierait pas aux critères pour être soumis à une évaluation du Bureau d’Audiences Publiques sur l’Environnement (BAPE), rappelle Charles Cusson, de la FSA.
Si, lors du dévoilement initial de l’échéancier du projet de prolongement de la route 138 entre Tête-à-la-Baleine et La Tabatière, le ministre des Transports et de la Mobilité Durable, François Bonnardel, prévoyait une fin des travaux en 2025, aujourd’hui les projections du MTMD de la Côte-Nord ont changé. Elles dépendent d’un nouvel échéancier encore en révisions, réalisé avec la communauté de Pakua Shipi, employée pour faire les travaux.
Écoutez cette entrevue pour entendre les différents points de vue des organisations impliquées dans le prolongement de la route 138, entre Tête-à-la-Baleine et La Tabatière.