Appels aux aînés: L’objectif était de conscientiser la population

Écrit par le 9 avril 2020

La docteure Dominique Gagnon-Ouellet et la gestionnaire Constance Monger ont répondu aux questions concernant la situation de la COVID-19 sur la BCN. Photo capture Mickael Lambert

Après s’être excusés pour l’émoi causé, les gestionnaires du CISSS de la Côte-Nord entendent se réajuster et recommencer les appels auprès des aînés pour savoir s’ils souhaitent être évacués vers un hôpital désigné à Québec ou recevoir des soins de fins de vie à la maison. Le processus qui n’a aucune valeur juridique, permet de conscientiser la population sur les enjeux d’une hospitalisation, selon les gestionnaires du CISSS.

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COVID-19: DES PERSONNES ÂGÉES QUESTIONNÉES SUR LES SOINS DÉSIRÉS

Des aînés de la Basse-Côte-Nord ont été appelés vendredi et lundi dernier par les infirmières des dispensaires de Kegaska, Harrington Harbour, Tête-à-la-Baleine et La Tabatière afin de connaître le type de soins qu’ils souhaitent recevoir s’ils sont atteints de la COVID-19.

Pour les gestionnaires du CISSS de la Côte-Nord, ces appels ont permis de conscientiser la population à la réalité d’une hospitalisation suite à une infection de la COVID-19: les patients devront être évacués vers un hôpital désigné à Québec sans membre de leur famille pour les accompagner.

Malgré les réponses de ceux qui ont accepté de répondre aux questions des infirmières, la directrice générale adjointe du CISSS Dyane Benoit assure que les intervenants de la santé agiront «au cas par cas» et que tous les patients qui le désirent pourront être évacués.

«On a pensé que les gens devraient être au courant qu’ils devront être hospitalisés à Québec sans membre de leur famille puisque cela peut avoir un impact sur leur décision, renchérit la docteure Dominique Ouellet-Gagnon. Il y a plusieurs personnes qui ne veulent pas aller à Québec sans leur famille. Donc en sachant cela en avance, ils peuvent en discuter avec leur famille et prendre une meilleure décision lorsque le temps viendra.»

Le processus d’hospitalisation est sensiblement le même sur l’ensemble de la Côte-Nord puisque aucun hôpital n’est désigné dans la région pour recevoir les malades du coronavirus. Ces appels aux aînés ne sont toutefois fait que sur la Basse-Côte-Nord.

«C’est encore plus pertinent d’en discuter sur la Basse-Côte-Nord puisque c’est une population majoritairement anglophone et il y a beaucoup de gens qui sont réticents à aller à Québec, seuls. On parle de ne pas se faire bien comprendre même s’il y a des interprètes disponibles et la distance est très grande» ajoute docteure Ouellet-Gagnon.

Pertes cognitives et incompréhension

Selon les nombreux témoignages qu’a pu recueillir la radio CJTB auprès de proches de ces personnes âgées de 70 ans et plus, certains aînés questionnés n’ont pas compris les questions posées ou souffrent de pertes cognitives.

Par ailleurs, un «niveau de soin», qui permet de déterminer à l’avance les soins à appliquer pour des patients à risque, est précisé en temps normal entre un médecin et ses patients.

Le docteur Ouellet reconnaît que les informations obtenues auprès des aînés de la Basse-Côte-Nord n’ont aucune valeur légale.

«L’idée était vraiment de tâter le terrain et d’initier la conversation avec les patients et que ceux qui avaient des questionnements allaient être référer à leur médecin», explique docteure Ouellet-Gagnon.

La radio CJTB a demandé à deux reprises pourquoi les infirmières des dispensaires ont été chargées d’une tâche qui relève normalement des médecins. La question est demeurée sans réponse.

Questionnée par la journaliste Rachel Bilodeau de la radio CJAS de Saint-Augustin, la coordinatrice territoriale du CISSS sur la Basse-Côte-Nord Constance Monger refuse de dire d’où proviennent les directives de questionner les aînés.

Plus tôt cette semaine, le porte-parole du CISSS de la Côte-Nord Pascal Paradis a affirmé sur les ondes de Radio-Canada qu’il s’agissait d’une demande de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec, or l’organisation s’est dissociée de la démarche, rappelant qu’elle n’avait aucune autorité pour donner des ordres.

Le CISSS poursuivra

Des aînés ont été appelés vendredi et lundi dernier dans les communautés de Kegaska, Harrington Harbour, Tête-à-la-Baleine et La Tabatière, selon les informations recueillies par la radio CJTB. On ignore pourquoi les dispensaires des autres villages n’ont pas contacté leurs personnes âgées.

Le processus a été arrêté après l’émoi qu’il a causé, mais le CISSS entend continuer la démarche selon la docteure Ouellet-Gagnon.

«Nous regardons pour une meilleure manière de rejoindre la population et de discuter seulement avec ceux qui le désirent. Mais oui on va continuer parce qu’on croit que c’est important d’en discuter.»

La directrice générale adjointe du CISSS de la Côte-Nord Dyane Benoit a présenté ses excuses et a rappelé que l’objectif n’était pas d’inquiéter la population.

Après avoir été contacter par les infirmières des dispensaires, certains coasters doutent des capacités du CISSS de la Côte-Nord d’évacuer les malades vers l’hôpital désigné à Québec.

Dyane Benoit explique toutefois ne pas pouvoir donner de chiffres exacts sur la capacité d’évacuation des malades de la Basse-Côte.

«Je ne peux pas répondre de manière exacte, cela dépend d’une foule de facteurs, mais si on n’a pas la capacité de transporter les gens un jour, on appellera des renforts auprès du gouvernement pour avoir le transport requis», assure la gestionnaire.

Constance Monger reconnaît que des tests de dépistage de la COVID-19 ont été fait sur la Basse-Côte, mais en ignore la quantité exacte.

À l’heure d’écrire ces lignes, la région était toujours épargnée par la pandémie.

Du renfort à Tête-à-la-Baleine

Le personnel du dispensaire de Tête-à-la-Baleine recevra du renfort pour faire face à la crise. Des infirmières sont récemment arrivées sur la Basse-Côte-Nord et doivent compléter une quarantaine préventive. D’ici «une semaine à une semaine et demi» elles viendront donner un coup de main à leurs collègues dans les différents dispensaires.

«Lorsqu’elles auront terminé leur quarantaine, nous allons réorganiser nos ressources pour nous assurer qu’il y ait au moins deux infirmières dans chacun des dispensaires», assure Constance Monger.


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