Appels aux aînés: la Fédération des médecins omnipraticiens se dissocie de l’initiative

Écrit par le 8 avril 2020

L’initiative du CISSS de la Côte-Nord de contacter les aînés pour connaître le niveau de soin qu’ils souhaitent recevoir en cas de contamination à la COVID-19 a soulevé une vague d’inquiétudes sur la côte. Le CISSS de la Côte-Nord assure avoir enclenché cette démarche à la suite d’une demande de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec, mais celle-ci s’en dissocie.

Des infirmières de certains dispensaires de la Basse-Côte-Nord ont téléphoné à des personnes âgées de 70 ans et plus pour savoir si elles souhaitaient être évacuées par medevac ou recevoir des soins de confort à domicile dans l’éventualité qu’elles soient atteintes du coronavirus.

Selon les informations que la radio CJTB a pu recueillir, les appels ont été fait vendredi et lundi derniers dans les communautés de Kegaska, Harrington Harbour, Tête-à-la-Baleine et La Tabatière.

La démarche, qui n’avait pas été annoncée par le CISSS au préalable, a causé tout un émoi sur la côte.

Tout porte à croire que les dossiers de santé des aînés n’ont pas été consulté au préalable ou consulté de façon superficielle.

Certaines des personnes contactées vivraient avec des pertes cognitives et d’autres auraient mal compris les questions des infirmières.

D’autres ont tout simplement mal compris les questions demandées.

Angoisse

Alors que certains coasters doutent des capacités du CISSS de la Côte-Nord de bien faire face à une pandémie de coronavirus sur la Basse-Côte-Nord, ces appels ont été sources d’angoisse pour les aînés et leurs proches.

«Les services psychosociaux sont au minimum sur la Basse-Côte-Nord. D’agir ainsi, c’est de jeter de l’huile sur le feu!» lance Ghislaine Nadeau-Monger, présidente de la Table locale de concertation des aînés de la MRC Golfe-du-Saint-Laurent.

Cette dernière a eu vent de ces appels au courant de la fin de semaine dernière. Ghislaine Nadeau-Monger a eu l’occasion de demander des explications à la coordinatrice territoriale du CISSS Constance Monger lors d’une rencontre de la Coalition pour la santé de la Basse-Côte-Nord (LNSCH) lundi dernier.

«Elle m’a répondu qu’elle allait m’appeler après la réunion et j’attends encore» assure Mme Nadeau-Monger.

«Tous les aînés trouvent cela inacceptable. Nous avons beaucoup d’insatisfaction avec le CISSS, mais cela dépasse l’entendement», lance la présidence de la Table de concertation des aînés de la MRC.

À Chevery, Dan Mauger a décidé d’agir devant ce qu’il qualifie de «geste immature» de la part du CISSS de la Côte-Nord en contactant des aînés de son entourage pour les aviser de la démarche et leur demander de ne pas répondre.

«Ils n’ont pas tenu en compte la fragilité des gens en ce temps de crise. Dans le meilleur des cas cela aurait dû être fait par les médecins et au pire en avisant la population au préalable» estime M. Mauger.

Initiative

Le CISSS de la Côte-Nord a reconnu la démarche mardi après-midi lors d’une conférence de presse virtuelle. La directrice générale adjointe par intérim Dyane Benoit a répondu qu’il s’agit d’un exercice normal qui permet de mieux organiser les services sur la Basse-Côte-Nord.

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Questionné sur la situation mercredi matin au micro de Radio-Canada, le porte-parole du CISSS de la Côte-Nord Pascal Paradis a attribué l’initiative à une demande de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec.

«Il y avait une demande au niveau de la Fédération des médecins omnipraticiens pour qu’ils (leurs membres) valident auprès de leurs patients les soins qu’ils veulent recevoir.»

La FMOQ reconnaît avoir rappelé à tous ses membres qu’il est «souhaitable que des mises à jour régulières des niveaux de soins soient effectuées» via des infos-lettres, mais aucune consigne formelle n’a été donné en ce sens.

«On se dissocie de l’initiative. La FMOQ n’a pas le pouvoir d’ordonner quoi que ce soit, ce sont seulement des rappels» précise la conseillère en communications de la Fédération des médecins omnipraticiens, Mélissa Turgeon, en entrevue avec CJTB.

Par ailleurs, si l’info-lettre a été envoyée à tous les membres de la Fédération, il n’y a que sur la Basse-Côte-Nord de tout le territoire du CISSS que des infirmières ont téléphoné aux aînés pour mettre à jour leur niveau de soin.

Le Syndicat des intervenants de la santé du nord-est québécois (SIISNEQ) a également été mis au courant mardi de la démarche.

La présidente du syndicat Nathalie Savard assurait que son organisation avait fait des démarches auprès du CISSS pour avoir des réponses sur cette initiative.

«Nous allons nous assurer que l’information professionnelle suive. Tout le monde regarde à corriger la situation.»

Selon Nathalie Savard, les appels pour connaître les niveaux de soins seraient arrêtés depuis mardi.

CISSS de la Côte-Nord

La radio CJTB a demandé des éclaircissements au CISSS de la Côte-Nord pour cette démarche qui a causé bien de l’inquiétude dans certaines familles. On ignore de qui provient initiative et pourquoi les infirmières s’occupent d’une tâche normalement accomplie par le médecin.

À ces questions, le porte-parole du CISSS de la Côte-Nord Pascal Paradis a répondu que le but «n’est pas d’inquiéter la population, au contraire, mais de répondre aux besoins et préoccupations».

Pascal Paradis rappelle que chaque personne est autorisée à réfléchir à son avenir et c’est pourquoi le CISSS a invité les personnes âgées à «réfléchir aux soins qu’elles désirent recevoir, malgré cette situation particulière que nous vivons actuellement» tout en reconnaissant que la façon de s’exprimer n’a pas été des «plus convenables».

Une conférence de presse était prévue mercredi après-midi pour faire le point sur la situation sur la Basse-Côte-Nord, mais a été déplacée à jeudi après-midi.


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