Jean-Claude Dumas : portrait d’un architecte engagé de la Basse-Côte-Nord

Écrit par le 16 avril 2025

« C’est le patrimoine du futur que l’on crée »

Originaire de Lourdes-de-Blanc-Sablon, Jean-Claude Dumas est l’un des premiers architectes basés en Basse-Côte-Nord. Il y a trois ans, il s’est réenraciné avec sa famille dans cette municipalité d’un peu plus de mille habitants,  parce qu’il souhaitait avoir, à travers sa pratique et ses implications bénévoles, un impact positif sur le développement régional. En juin dernier, nous avons rencontré à Blanc-Sablon ce passionné du patrimoine bâti qui tend à créer sur la côte une architecture contemporaine qui fait écho au passé et qui met en valeur les reliefs uniques du territoire. 

Dans la pénombre boisée à l’intérieur du chafaud, la lumière de juin entre par les ouvertures simples des fenêtres et caresse l’usure du lieu. Assis sur une pile de bois au centre de cette bâtisse de pêche typique des villages côtiers, l’architecte Jean-Claude Dumas explique avoir proposé ce lieu pour l’entrevue, parce qu’il témoigne bien, selon lui, de l’histoire et des raisons qui ont poussé ses aïeuls à s’établir en Basse-Côte-Nord.

« Tu regardes le chafaud, tu vois les traces, tu vois l’usure, tu vois qu’il y a eu des filets de pêche, l’eau salée, du vécu. Le blanc et le rouge c’est typique : la peinture rouge c’est l’ocre et le blanc, c’était la peinture à la chaux. C’est ce qui était disponible à l’époque, c’est pour ça qu’il y a beaucoup de bâtiments avec ces deux teintes-là, ici et à Terre-Neuve. »

Jean-Claude Dumas
L’architecte Jean-Claude Dumas, rencontré à Lourdes-de-Blanc-Sablon sur la Basse-Côte-Nord. (Photo : Raphaëlle Ainsley-Vincent)
L’architecte Jean-Claude Dumas, rencontré à Lourdes-de-Blanc-Sablon sur la Basse-Côte-Nord. (Photo : Raphaëlle Ainsley-Vincent)

Régionalisme dérivé d’«échafaud», le chafaud était utilisé pour la préparation et la transformation du poisson. Cette structure ingénieuse construite sur des pilotis munie d’un quai de bois s’avançant dans la mer permettait aux pêcheurs d’accoster leur embarcation même à marée basse, puis d’éviscérer la morue avant de la saler à l’intérieur. Sur la Basse-Côte-Nord, ces structures qui disparaissent graduellement du paysage témoignent de l’histoire halieutique de la région.

« C’est drôle à dire, mais en grandissant ici, les chafauds, ce n’était pas de l’architecture pour moi », confie l’architecte.

Si les Dumas habitent Blanc-Sablon depuis plusieurs générations, il a fallu que Jean-Claude quitte le littoral pour ses études – un exil que nombre de jeunes ont vécu dans la région, puisqu’il n’existe aucun établissement d’études postsecondaires à l’est de Sept-Îles. « Dans ma tête à moi, l’architecture, [ça concernait] alors juste les grandes villes, des grands bâtiments », relate-t-il en se remémorant s’être beaucoup remis en question au début de son parcours. « C’était très abstrait et ça, je n’aimais pas ça, j’étais quelqu’un de très terre-à-terre; j’ai trouvé ça [difficile] la première année. »

C’est lorsqu’il explore l’architecture vernaculaire – qui est propre à un lieu, à ses habitants – des régions maritimes dans ses cours à l’Université Laval qu’a lieu une prise de conscience déterminante pour l’aspirant architecte.

« J’étais entouré d’architecture sans le savoir. Je me suis dit : c’est donc bien riche! »

Le chafaud où nous rencontre Jean-Claude Dumas a été déménagé au cœur du village de Lourdes-de-Blanc-Sablon. Si certaines bâtisses ont été ainsi déplacées depuis le rivage ou les îles avoisinantes pour prolonger leur utilité, plusieurs chafauds ont aussi été démolis, se désole l’architecte. (Photo : Raphaëlle Ainsley-Vincent)

À cette découverte s’ajoute celle des firmes d’architecture dont le travail résonna en lui. Par exemple, celui des architectes Olivier Bourgeois et Régis Lechasseur (respectivement originaires des Îles de la Madeleine et du Bas-Saint-Laurent) et celui du Néo-Écossais Brian MacKay-Lyons, qui transposent dans des bâtiments contemporains les formes et les traditions vernaculaires de leur région. Lors d’un voyage d’études en Norvège, Jean-Claude fera aussi une rencontre marquante : celle de Todd Saunders, l’architecte originaire de Terre-Neuve à l’origine du projet de complexe hôtelier et de résidence de création sur Fogo Island (Terre-Neuve).

Coupe et élévation d’un bâtiment typique de pêche (croquis: Jean-Claude Dumas).

Jean-Claude Dumas est interpellé par le régionalisme critique, un courant théorisé par Kenneth Frampton1, qui analyse l’architecture traditionnelle d’une région pour créer une « architecture contemporaine qui fait écho au passé », explique-t-il, qui s’insère bien dans le cadre bâti patrimonial et le paysage, mais qui retranche le superflu. « Ça donne des projets avec du bardeau de cèdre à la grandeur, mais des ouvertures franches ».

« Ça m’a fait sentir plus à ma place », relate celui qui tentera de recréer l’expérience sensorielle du chafaud dans son projet de maîtrise, « je voyais que je pouvais avoir un impact, faire des projets chez moi. »

 


Scènes de pêche à Blanc-Sablon, au 19e siècle. (Photos : J.E. Bernier, publiées sur la page Facebook Built heritage on the Lower North Shore alimentée par Jean-Claude Dumas)
  1. [1] Kenneth Frampton, « Vers un régionalisme critique. Pour une architecture de résistance », traduit du texte original en anglais (1983), in Lambert Dousson et Laurent Viala (dir.), Art, architecture, recherche. Regards croisés sur les processus de création, Montpellier, Éditions de l’Espérou, 2016, p. 11-39. ↩︎

L’architecte a d’abord travaillé pour des firmes d’architecture à Sept-Îles (DMG Architecture), à Rimouski (RIVE architecture) puis à Val-D’Or (MLS Architecture). Il a aussi travaillé sur des projets au Nunavik, un territoire qui le fascinait, parce qu’il lui rappelait sa Basse-Côte-Nord natale : « je m’y sentais chez-moi quand même, il y avait de la chicoutai [une baie nordique], et la culture inuit était aussi super intéressante ». Les paysages arides d’Akulivik n’étaient pas sans lui rappeler les mornes — ces petites montagnes arrondies peuplant les paysages de la côte.

Si la mer lui manquait, il se tenait toujours au courant de ce qui se passait en Basse-Côte-Nord et l’envie d’y retourner ne le quitta jamais : « parce que c’est ton identité, quand tu grandis ici, tu sors, tu étudies et tu voyages, mais chez toi, c’est ton identité. » 

En 2022, un poste d’architecte pour le Centre de services scolaires (CSS) du Littoral a été l’occasion de retourner s’établir à Blanc-Sablon avec sa famille. Cet emploi représente pour lui une façon de redonner aux institutions scolaires de la Basse-Côte-Nord et d’avoir un impact direct et positif sur la qualité de vie des gens qui œuvrent pour la jeunesse de la région. « Et en même temps, c’est le patrimoine bâti du futur qu’on crée! », souligne celui qui s’attèle à revaloriser et réintégrer les matériaux traditionnels dans l’architecture locale et à l’adapter au territoire.

À travers ses projets pour le CSS du Littoral et dans sa pratique privée parallèle (Dumas architecture), il souhaite mettre en œuvre cette vision de l’architecture, en privilégiant le bois comme revêtement extérieur et en préservant l’esprit maritime — tout en gardant en tête la durabilité et un minimum d’entretien, précise-t-il.

« Si ce n’est pas nous, en tant qu’institution qui prenons cette initiative, c’est certainement pas un citoyen qui va le faire! », dit-il. Tout en étant ainsi conscient que de tels choix entraînent des coûts plus élevés, il aimerait voir plus de gens revenir au bardeau ou à la planche dans les constructions en Basse-Côte-Nord.

Jean-Claude Dumas cite en exemple le projet de réfection des façades de la station aquicole de l’Université du Québec à Rimouski (UQAR) réalisée par la firme RIVE architecture pour lequel un parement de bois à claire-voie a été conçu en collaboration avec un manufacturier de la région. (Photos: Francis St-Onge pour RIVE architecture)

Une architecture inspirée du patrimoine et adaptée au territoire

« L’architecture de la Basse-Côte-Nord est très rudimentaire », dit d’entrée de jeu Jean-Claude Dumas, « une réponse directe aux conditions climatiques ». « On a un beau paysage », affirme-t-il, « mais on a des conditions qui sont difficiles aussi, et c’est ce qui façonne la manière de concevoir un bâtiment, ses formes, ses matériaux. »

« Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’à l’époque, quand les gens construisaient, c’était souvent une réponse à quelque chose : les vents, la neige. C’est pour ça qu’on avait des bâtiments soit à faible pente, pour que le vent balaie la neige, soit à deux versants, pour éviter son accumulation. Cette typologie, c’est important de la respecter. »

Pour illustrer cette adaptation de l’architecture au territoire, il donne l’exemple du portique fermé qui, en ne donnant pas directement sur l’extérieur, protège l’habitation des vents. « Lorsqu’il vente à 80 – 100 km, on est content de l’avoir, dit-il en parlant de sa propre demeure, « et le vestibule d’entrée est une partie importante des maisons ici, parce qu’il coupe le froid ».

Jean-Claude Dumas évoque aussi les maisons « butterbox » [boîte à beurre], typiques de la Basse-Côte et de Terre-Neuve, appelées ainsi en référence à leur forme carrée à quatre versants. Faciles à construire, elles se sont multipliées dans la seconde moitié du 20e siècle et plusieurs se dressent encore dans le cœur de Lourdes-de-Blanc-Sablon.

Ces maisons typiques, appelées « butterbox », en référence à leur forme carrée, sont encore très communes à Lourdes-de-Blanc-Sablon. (Photo : Raphaëlle Ainsley-Vincent)

Dans le reste du territoire bas nord-côtier, au niveau du style, les influences anglaises sont bien visibles dans les détails architecturaux, poursuit-il, attestant de la provenance des gens qui en furent les bâtisseurs. L’église du village anglophone de Mutton Bay (Baie-des-Moutons) a été construite à l’anglaise, tandis que la chapelle de l’île Providence, à Tête-à-la-Baleine – rare village francophone –, affiche quant à elle définitivement un style plus français.

De manière générale, il n’y a toutefois « pas trop de fioriture ni de détail », parce que ces choses ne duraient pas face aux éléments naturels, et les gens se contentaient ainsi d’une décoration minimale.  

À gauche : l’architecture de l’église anglicane St.Clement’s du village anglophone de Baie-des-Moutons, construite dans les années 1920, témoigne davantage d’influences anglaises, notamment par ses fenêtres à arc brisé. À droite : l’intérieur de la chapelle Notre-Dame de l’Île Providence, construite en 1894-95 dans le village de Tête-à-la-Baleine, qui affiche un style plus français. (Photos : Raphaëlle Ainsley-Vincent)

« Moi ce que je trouve intéressant, ce n’est pas de copier ce qui se faisait, mais d’y faire allusion, de faire écho à ce qu’il y avait, par le choix des pentes et du revêtement. »

Pour lui, l’architecture d’aujourd’hui devrait s’inspirer davantage de cette ingéniosité déployée dans l’architecture vernaculaire en réponse aux éléments environnementaux, tout en mettant en valeur les vues horizontales et le paysage.

Le village de Lourdes-de-Blanc-Sablon en Basse-Côte-Nord. (Photo : Raphaëlle Ainsley-Vincent)

Ce qui caractérise ultimement son métier d’architecte en Basse-Côte-Nord, c’est la polyvalence : « ici, il faut que tu touches un peu à tout, que tu sois capable d’aider celui qui construit une petite extension sur sa maison, mais aussi de faire des bâtiments institutionnels », affirme Jean-Claude Dumas.

« Tout est à faire ici ! » : Sauvegarder le patrimoine, développer un tourisme durable

L’architecte de 36 ans dit avoir trouvé à Blanc-Sablon une qualité de vie pour lui et sa famille et l’opportunité de nourrir plusieurs implications pour contribuer au rayonnement et au développement de sa région. Si le littoral comptait autrefois autant de chafauds que de pêcheurs, peu de ces structures subsistent aujourd’hui. Les profonds changements qu’a connus l’industrie halieutique à partir des années 1980 (centralisation du travail dans les usines, puis imposition du moratoire sur la morue en 1992) entraînèrent l’abandon progressif de leur usage et de leur entretien.

Le Petit havre à Lourdes-de-Blanc-Sablon en 1981. (Photo : BAnQ Sept-Îles, Fonds Groupe d’action et de développement économique et culturel de la Basse-Côte-Nord (09N,P12,S2,P69), Groupe d’action et de développement économique et culturel Basse-Côte-Nord).
Le chafaud de Gédéon Dumas (à gauche) dans le Petit havre de Lourdes-de-Blanc-Sablon, photographié en 1987. (Photo prise par P. Vaugeois publiée sur la page Facebook Built heritage on the Lower North Shore alimentée par Jean-Claude Dumas)

Le même sort guette aussi les maisons de type « butterbox », qui ne sont pas considérées officiellement comme patrimoniales. « Il y en a une qui a été démolie il y a deux ans dans le cœur du village », déplore Jean-Claude Dumas, « moi je considère que même si elles n’ont pas été construites avant 1940, elles font partie du patrimoine, c’était une typologie qu’il y avait ici ». S’il perçoit un intérêt citoyen pour la préservation de cet héritage, l’architecte souligne que plusieurs de ces bâtiments anciens sont des propriétés privées et que leurs propriétaires n’ont souvent ni les ressources ni les connaissances pour les préserver. « C’est pour cela que c’est important les gens qui sortent de la Basse-Côte-Nord, qui vont chercher une éducation et qui reviennent, ça peut aider beaucoup la région! »

« Il ne reste plus de traces de l’histoire, et c’est la même chose partout en Basse-Côte-Nord. Alors des projets comme la restauration de la chapelle de l’île de la Providence [portée par la Société historique Mécatina dans le village de Tête-à-la-Baleine], c’est magnifique, mais je sais que c’est pas facile. C’est important, il faut qu’on les garde les bâtiments qui restent! » 

La reconnaissance de la valeur de ce patrimoine peut également servir d’étincelle au développement de projets touristiques. En effet, Jean-Claude Dumas s’implique dans la Corporation de l’île Greenly, une association à but non lucratif qui œuvre à la préservation des maisons patrimoniales de cette île située à 2 km au large de Blanc-Sablon. Ces demeures, autrefois habitées par les familles des gardiens de phare qui s’y sont succédé au 20e siècle, sont aujourd’hui dans un piètre état. Le comité souhaite donner une seconde vie au site patrimonial et mettre en valeur ces bâtiments témoins de l’histoire maritime de la région par un projet touristique. Si l’objectif immédiat est d’empêcher la dégradation des bâtiments, à terme, la Corporation de l’île Greenly souhaite les transformer en hébergements touristiques et en un centre d’interprétation, pour faire revivre cette histoire qui témoigne de la résilience des communautés de la Basse-Côte-Nord.

Les maisons patrimoniales des gardiens de phare située sur l’Île Greenly, à 2 km au large de Blanc-Sablon. (Photo : Raphaëlle Ainsley-Vincent)

Parallèlement à la mise en valeur de cet héritage historique, l’architecte croit que le développement d’un tourisme durable basé sur les attraits naturels et géographiques pourrait aussi stimuler l’activité économique de la région au profit de ses communautés.

La Basse-Côte-Nord a une riche faune aviaire, une flore unique, et des points de vue magnifiques, mais il y a très peu d’infrastructure pour mettre en valeur le territoire ou guider les gens dans son exploration. « Les gens qui viennent en Basse-Côte-Nord, qui remontent la route 389 puis la 510 jusqu’à Blanc-Sablon, ils recherchent l’expérience du plein air, le camping rustique, mais ces gens-là ne savent pas qu’il existe un sentier qui remonte derrière le village de Brador, jusqu’à un canyon et des chutes ». Le potentiel de l’écotourisme dans sa région est vaste, mais sous-développé, croit-il.

Il y a deux ans, il a fait la connaissance de Biotope, une firme d’architecture norvégienne spécialisée dans le développement de « destination », soit une expérience d’un lieu basée sur le caractère unique d’une région ou d’une communauté. L’entreprise conçoit ainsi des structures pour l’observation d’oiseaux et de paysages qui s’harmonisent avec l’environnement naturel.

Jean-Claude Dumas rêve depuis d’un réseau de sentiers aménagés entre Blanc-Sablon et Bonne-Espérance, qui serait ponctué de telles structures d’observation d’oiseau, de faune et de flore, ainsi que d’abris à l’architecture minimaliste et intégrée au relief du paysage.

Exemples de projets de la firme norvégienne Biotope en Europe. Leurs constructions sont conçues pour s’harmoniser au terrain, à l’habitat et au climat, en invitant la connexion avec la nature. (Photo : Tormod Amundsen, tirée du site web et d’un dossier de présentation de la firme Biotope)

L’architecte s’implique dans un groupe de travail qui, de concert avec la mairie de Blanc-Sablon ainsi que la MRC du Golfe-du-Saint-Laurent, vise l’agrandissement de l’aire protégée des collines de Brador, dans l’objectif d’en créer un Parc de biodiversité qui pourrait accueillir de telles infrastructures.

« L’objectif est d’implanter les différents pavillons à l’image des bâtiments de pêche, mais aussi de façon à protéger des intempéries et exposer les vues », précise l’architecte. (Croquis: Jean-Claude-Dumas)

« J’aime lancer des idées pour voir les potentiels », conclut-il, pensif et souriant. L‘entrevue tire à sa fin, un bruant se pose devant l’entrée du chafaud, nous rappelant à l’extérieur et au jour qui décline.

« Il y a plein de beaux projets, mais ça prend une volonté citoyenne. Il faudrait des gens dans toutes les municipalités qui se regroupent et qui mènent des projets. Ça serait pas mauvais d’avoir une vision générale pour la Basse-Côte-Nord. »

« Mais ça bouge en Basse-Côte-Nord en ce moment », assure l’architecte, en refermant les battants de bois du chafaud derrière nous; il est confiant face à l’avenir de sa région natale.

(Photo : Raphaëlle Ainsley-Vincent)


Produit en partenariat avec La Fabrique Culturelle


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